On l’appelle communément la jussie des marais et depuis les années 1990 elle envahit le Marais Poitevin. Cette jolie plante aquatique importée par l’Homme n’en est pas moins une envahisseuse et met en danger la biodiversité locale. Un plan de lutte est engagée dans le marais depuis plusieurs années et saura-t’on venir à bout de la jussie un jour ?
Comment reconnaître la jussie
Le jussie est une jolie plante aquatique vivace donnant des fleurs d’un ton jaune vif à 5 pétales et d’un diamètre d’environ 3 à 5 centimètres. Elle se développe principalement dans les cours d’eau de faible profondeur à eaux stagnantes (rivière, étang, marais) en majorité sur les berges où son système racinaire va pouvoir s’ancrer profondément dans la vase et se développer horizontalement.
Sa tige peut s’élever jusqu’à 1 mètre au dessus du niveau de l’eau. On comprend donc facilement comment la jussie parvient à étouffer les autres plantes aquatiques autochtones.
La floraison de la jussie débute durant les mois les plus chauds de l’année, en été. Les graines de la jussie sont très petites mais la plante possède de redoutables capacités de bouturage ! Ainsi, un simple brin de tige ou de racine suffit à reformer un individu entier.
L’importation de la jussie, une nouvelle bêtise humaine…
La jussie (Ludwigia peploides) est originaire d’Amérique du sud et plus particulièrement des zones marécageuses d’Amazonie. Comme bien d’autres espèces animales ou végétales, elle fut importée en Europe par l’homme au 19ème siècle dans les années 1820 – 1830 pour en faire du commerce et servir d’agrément paysager. En vente chez de nombreux commerçants et sans en connaître les dangers pour notre flore et faune locale, la jussie fut donc plantée dans des bassins, des aquariums, des mares et probablement directement sur des bords de cours d’eau.
Il n’en fallait pas plus à la belle pour se faire la malle et coloniser progressivement nos rivières françaises. En effet, elle s’acclimate très bien à notre environnement et ses racines ou graines portées par l’eau lui permettent de trouver de nouveaux coins à coloniser au détriment d’espèces végétales autochtones. Elle rejoint donc le gang des espèces invasives du Marais Poitevin aux côtés notamment de l’écrevisse de Louisiane, du poisson-chat, du ragondin ou bien encore plus récemment du frelon asiatique. Il semble que l’homme n’apprend jamais de ses erreurs et que la bêtise humaine n’a effectivement aucune limite…
Une plante aquatique envahissante nuisible à la biodiversité
Depuis le début des années 1990, son plan d’envahissement à grande échelle a atteint l’ouest de le France, dont le Marais Poitevin. Elle y trouve un cadre idéal car elle apprécie les milieux naturels humides aux eaux calmes, lui permettant d’étendre progressivement son système racinaire dans la vase des cours d’eau.
Son développement très dense, qui s’étend du sol et jusqu’au-dessus de la surface de l’eau, étouffe les autres plantes aquatiques, comme le nénuphar et entraîne donc la disparition progressive de l’écosystème local en empêchant la lumière du soleil d’atteindre le fond de l’eau.
Pire, c’est toute l’oxygénation de l’eau qui est menacée par cette plante amphibie et qui entraîne par réaction en chaîne la disparition d’espèces animales, à commencer par les poissons et les insectes aquatiques.
Comment lutter contre la jussie ?
La jussie des marais se développe le plus souvent depuis la berge, dans les zones de faibles profondeurs. Sa propagation à la belle saison peut vite devenir incontrôlable sans une intervention humaine. La jussie peut ainsi doubler sa masse en deux semaines et poursuivre son œuvre d’expansion jusqu’à occuper le moindre espace sur un cours d’eau.
On ne peut pas compter sur la biodiversité locale pour éradiquer cette plante exogène. En effet, les animaux herbivores (canards, poules d’eau et vaches entre autres) dédaignent cette plante aquatique.
L’intervention humaine est donc indispensable pour tenter d’en venir à bout. Mais ses capacités de bouturage hors normes rendent la tache très compliquée. Un simple arrachage d’herbier de jussie par l’intervention d’un pelle mécanique ne suffit pas. De nombreux bouts de racine ou tiges cassées resteraient dans l’eau et contribuerait à renouveler des individus entier. Il faut donc en parallèle y aller « à la main », une opération délicate, longue et coûteuse mais incontournable pour être sûr de ne pas laisser un centimètre de jussie dans l’eau !! Ces opérations d’arrachage ont lieu dès que la plante sort la tête de l’eau, vers fin juin et début juillet.
Dans le Marais Poitevin, c’est principalement l’IIBSN qui gère les réseaux principaux (Sèvre niortaise, Vendée, Mignon, Lay, Autise) et met en ouvre des moyens mécaniques et humains pour lutter contre la Jussie.
Afin de tenter de limiter sa propagation, depuis mai 2007, un arrêté du ministère de l’Agriculture et de la pêche interdit sur tout le territoire métropolitain, le colportage, la mise en vente, l’achat et l’introduction dans le milieu naturel de tout spécimen de jussie que ce soit volontaire ou involontaire. Afin d’encadrer réglementairement toutes les espèces végétales exotiques, cet arrêté a été abrogé et remplacé par l’arrêté ministériel du 14 février 2018 relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces végétales exotiques envahissante sur le territoire métropolitain.
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