Des sources de la Sèvre Niortaise à Sepvret et jusqu’à Niort, je vous propose de partir à la découverte de la partie amont du fleuve, véritable artère principale du Marais Poitevin. A partir d’Exoudun et jusqu’à la base aquatique de Noron à Niort, 70 kms plus loin, la descente de la Sèvre niortaise en kayak offre une manière originale de découvrir le département des Deux-Sèvres en dehors des sentiers battus. Tous à bord !!
Les principaux points d’intérêts :
- Les sources de la Sèvre niortaise
- La traversée de nombreux villages de caractère au style médiéval
- La découverte de nombreux moulins à eau et leurs chaussées
- Une vue imprenable sur les châteaux des bords de Sèvre Niortaise
- La traversée du centre de Niort
- Une excursion sauvage et peu fréquentée
Pratique :
Départ : Exoudun – 79 Arrivée : Niort (base nautique de Noron) – 79 Durée estimée : 3 jours Distance : 70 kilomètres Nombre d’obstacles (moulins / chaussées / écluses) rencontrés : 68 Période conseillée : Mai à Septembre (hors période de crue) – voir Vigicrue Cartographie : Exoudun à Chauray – Carte IGN 1/25000 N°1628 SB – St Maixent l’Ecole Chauray à Niort (Noron) – Carte IGN 1/25000 N°1528 E – Niort |
Conseils :
Eau : Prévoir suffisamment d’eau pour être autonome durant la descente (bidon de 5 à 8 litres en vente en grande surface). En cas de besoin, le parcours traverse de nombreux villages où l’on peut s’approvisionner en eau potable.
Où dormir : C’est le point noir de ce parcours. La Sèvre Niortaise sur cette partie n’est pas aménagée pour la navigation touristique. Le seul camping présent est situé à St-Maixent-l’Ecole mais placé à 1 km des bords de Sèvre… Il vous faudra camper par vos propres moyens sur des parcelles privées avec l’accord du propriétaire. A défaut, veillez à respecter les règles de bonne conduite citoyenne à savoir, ne pas déranger les animaux domestiques, ne pas laisser ses déchets et laisser les lieux dans le même état que lors de votre arrivée. Il vous faudra prévoir tente et réchaud pour camper sur les berges.
Equipement indispensable : Après Saint-Maixent-l’Ecole, la Sèvre niortaise est large et peu ombragée, prévoyez-donc une bonne crème solaire et de quoi vous couvrir la tête. Prévoyez également des sandales ou des chaussures d’eau pour les endroits peu profonds et les chaussées où vous devrez mettre les pieds dans l’eau (c’est-à-dire très souvent).
Le passage des chaussées : Quelques précautions sont à prendre au moment de franchir les chaussées en amont des moulins à eau. Dans la partie amont des chaussées, l’eau est calme mais souvent vous n’aurez pas pied. Débarquez donc avec prudence sur la chaussée en maintenant votre kayak le plus stable possible. En aval des chaussées, le faible niveau d’eau vous permettra d’avoir pied et facilitera la mise à l’eau de votre kayak. Prenez votre temps, les chaussées sont des endroits superbes à contempler.
Sepvret à Exoudun : les sources de la Sèvre niortaise
La Sèvre Niortaise prend sa source dans le département des Deux-Sèvres, proche du village de Sepvret. Mais à quoi ressemble la source de cette rivière si majestueuse au niveau de son embouchure dans la Baie de l’Aiguillon ? Je suis allé enquêter sur place pour connaitre cet endroit et déterminer le point qui sera le départ de cette excursion en kayak. Au lieu-dit « Les Grandes Fontaines », un bassin protégé par un préau recueille les eaux d’une source. Ce bassin laisse écouler une partie de ces eaux à travers champs, un ruisseau se forme et on peine à imaginer que ce petit filet d’eau deviendra un fleuve quelques kilomètres plus loin…
Le cours d’eau poursuit son chemin à travers la campagne et gonfle son débit par l’apport de nombreuses autres sources et fontaines naturelles (une vingtaine au total) en passant par les villages de Chey, Brieuil, Bagnault et enfin Exoudun.
La beauté des sources transformées pour la plupart en fontaines et lavoirs ainsi que le style médiéval conservé des villages méritent qu’on s’y arrête. Cependant, le ruisseau très étroit et peu profond ne permet toujours pas la navigation des kayaks.
« La Sèvre niortaise traverse des villages qui ont su garder tout leur charme médiéval…»
Le ruisseau poursuit sa quête vers l’océan jusqu’à parvenir au village d’Exoudun, où l’apport de nouvelles sources à débit important transforme enfin le cours d’eau en rivière. Au niveau du moulin de Crémille, en face de la mairie d’Exoudun, une eau claire et limpide d’une trentaine de centimètres de profondeur permet de mettre les kayaks à l’eau.
Exoudun à Saint-Maixent-l’Ecole : la Sèvre sauvage
Nous sommes le 17 juillet 2015 aux alentours de 09h00. Mes frères et moi nous apprêtons à mettre nos kayaks à l’eau pour rallier la ville de Niort 3 jours plus tard. Autant être clair tout de suite, cette partie de la Sèvre niortaise est à réserver aux obstinés et aux aventuriers.
La rivière n’est pas aménagée pour la navigation. Sa vocation d’origine n’a pas changé, la Sèvre niortaise alimente les anciens moulins à eau. De nos jours, ces moulins sont pour la plupart abandonnés ou réaménagés en résidences principales. Mais notre départ au pied de la mairie d’Exoudun n’était finalement pas une bonne idée… Quelques centaines de mètres plus loin, au niveau de la Fontaine bouillonnante, le moulin de Planche est un obstacle infranchissable pour les kayaks.
Entre Exoudun et Niort, les moulins et les berges sont privés. En règle générale, les propriétaires tolèrent le passage des embarcations sur la rivière et sur les berges pour franchir les moulins. Cependant, ici au moulin de Planche, les berges sont grillagées et n’offrent aucune possibilité de débarquer. Nous avons dû faire marche arrière pour revenir sur la route reliant Exoudun à La Mothe St Heray. Plus loin après le moulin, nous pouvons enfin remettre les kayaks à l’eau.
« Entre Exoudun et Saint-Maixent l’Ecole, les moulins compliquent la navigation sur la Sèvre Niortaise… »
Entre Exoudun et St Maixent l’Ecole, nous sommes sur la « Sèvre sauvage ». La végétation est omniprésente en dehors des villages. En de multiples endroits, le faible niveau d’eau, les arbres et les plantes aquatiques rendent le passage compliqué et lui donne un air d’Amazonie.
A plusieurs reprises, il nous faut débarquer à pied pour trainer le kayak jusqu’à trouver suffisamment de fond. Les moulins sont problématiques pour la navigation. Sur cette partie, tous ces moulins à eau permettaient autrefois l’essor de l’industrie meunière. Ils sont construits de sorte que le débit de la Sèvre niortaise soit canalisé sur une petite portion pour permettre à la force du courant de faire tourner les roues à eau des moulins. Même si ces roues sont aujourd’hui obsolètes, il serait dangereux de s’aventurer dans ces couloirs exigus. A chaque rencontre avec un moulin, il nous faut donc débarquer en amont sur la chaussée ou la berge, extraire le kayak puis le remettre à l’eau en aval du moulin.
La palme du casse-tête revient au village de La Mothe St Heray, où pas moins de 6 moulins sont situés dans le village.
Et puis soudain, au détour d’un virage dans la Mothe St Héray, le doute s’installe…Nous arrivons face à un tunnel sombre d’une centaine de mètre dans lequel passe la Sèvre niortaise. Tout au bout de ce tunnel bas de plafond, nous apercevons la lumière du jour. Que faire ? Faire marche arrière ou avancer à tâtons dans ce tunnel ? Nous sondons le fond avec nos rames et nous rendons compte qu’une trentaine de centimètres d’eau permettent d’avoir pied. Nous décidons d’avancer lentement dans ce passage sombre tout en tirant le kayak. Nous nous engouffrons dans l’inconnu et la pénombre des lieux ne nous rassure pas vraiment même si nous rions nerveusement… Finalement, après quelques minutes nous atteignons à pied l’autre bout du tunnel : première grosse émotion de la traversée !!
« A la Mothe St Heray, le passage dans le long tunnel sous l’ancienne chamoiserie restera un moment fort de l’expédition… »
La Sèvre niortaise poursuit son chemin en direction de Saint-Maixent l’Ecole et traverse la prairie mothaise. L’eau est toujours aussi claire et permet d’apercevoir bon nombre de truites dans ses eaux peu profondes. Par moment, la végétation est dense et nous bouche le passage.
Des branches et des arbres tombés en travers de la rivière nous obligent à jouer les acrobates pour franchir ces obstacles. De nombreux autres moulins et chaussées jalonnent le parcours jusqu’à St Maixent (sans offrir de passes à canoë). Finalement, ces obstacles apportent une touche d’exotisme que nous finirons par apprécier. La monotonie n’est pas de rigueur sur cette partie de la Sèvre niortaise !
Après le moulin de Pallu, peu avant notre arrivée dans St Maixent l’Ecole, nous bifurquons dans un fossé étroit sur notre gauche pour rejoindre plus loin le ruisseau de Soignon et ainsi éviter les vannes clapets de la Sèvre niortaise à l’entrée de la ville. Le ruisseau passe sous la voie de chemin de fer par l’intermédiaire du « pont de 100 mètres ». Le ruisseau de Soignon rejoint la Sèvre Niortaise dans St Maixent l’Ecole au niveau du parc Chaigneau.
Saint-Maixent-l’Ecole à Niort : la Sèvre niortaise des chaussées et des châteaux
Après Saint-Maixent l’Ecole, la Sèvre niortaise change de visage. La rivière s’élargit et gagne en profondeur. Nous n’aurons plus à lutter contre la végétation dense des premiers kilomètres. Désormais, seules les chaussées des moulins offrent des obstacles qui demeurent facilement franchissables à pied.
Les retenues d’eau de ces chaussées permettaient autrefois d’alimenter les moulins à eau. De nos jours, ces chaussées conservent un rôle utile en maintenant un niveau d’eau élevé sur toute les portions de la Sèvre niortaise, jusqu’à Niort. Par endroit, des brèches dans les chaussées, offrent un vif courant d’eau, l’occasion de pratiquer une navigation plus sportive.
La Sèvre niortaise poursuit son chemin et passe à proximité des localités de Sainte-Néomaye, La Crèche, François et Chauray.
La Sèvre niortaise s’élargit davantage dans cette portion, la navigation est calme et nous prenons le temps d’observer la végétation et la faune locale : canards, poules d’eau, martins-pêcheurs, hérons cendrés et cormorans. La rivière est capricieuse et plutôt que de prendre la direction de Niort, elle choisit d’étaler ses méandres vers le nord-ouest, offrant ses eaux aux villages de St Gelais, Chalusson, Echiré, Ternanteuil, St Maxire, Scieq et Surimeau avant de reprendre la direction du sud vers Niort.
Et soudain, au dessus de la végétation apparaissent les ruines du château du Coudray Salbart…
Depuis notre kayak, nous apercevons au fur et à mesure les châteaux de la Sèvre niortaise : Château Gaillard puis les tours moyenâgeuses du Coudray Salbart peu après le village d’Echiré. Entre Siecq et Surimeau, ce sont les ruines du château de Mursay puis le château habité du lieu-dit Les Loups qui imposent leurs majestueux murs face à la Sèvre niortaise.
Nous ne sommes plus qu’à quelques kilomètres de Niort, lorsque nous arrivons au moulin de Bégrolle, à hauteur du village de Sainte-Pezenne.
Après ce moulin, sur plus de 2 kilomètres, de nombreuses cabanes de pêcheurs sont implantées le long de la Sèvre niortaise sur sa rive gauche. Il nous faut rester concentrés et zigzaguer sur la rivière pour éviter la multitude de bouchons des pêcheurs. Nous passons la Source du Vivier et entrons dans Niort au niveau du Moulin de Pissot, peu avant le Pré Leroy (le Central Park niortais). Nous apercevons au loin les clochers niortais de l’Eglise Notre Dame et de Saint André.
Quelques centaines de mètres plus loin, c’est le majestueux double donjon de Niort qui nous souhaite la bienvenue. La traversée de Niort se fait sans encombre et nous profitons enfin des passes à canoë pour franchir certaines écluses. Notre excursion s’achève à la base nautique de Noron après 3 journées de navigation.
Moins connue que la partie aval entre Niort et Marans, la Sèvre niortaise entre Exoudun et Niort offre un tout autre visage. Deux mondes s’opposent entre la partie amont et la partie aval : les moulins contre les écluses, la rivière étroite et ombragée contre le fleuve large et dégagé, le bocage contre le Marais Poitevin. En matière de découverte, la Sèvre niortaise saura satisfaire tous les goûts : amoureux de la nature, amateurs de défis sportifs, balades familiales, patrimoine culturel et sensations uniques d’évasion et de liberté.
Bonjour Romain,
De belles images, de belles explications et du beau temps que demander de plus ?! C’est vrai que le marais côté deux-sèvres n’est pas très touristique et qui plus est la nature reprend ses droits. Petite question, pour vous quel est le plus beau coin où le marais « s’exprime » le plus naturellement et qui reflète le plus : LE Marais Poitevin (je sais que chaque endroit à sa part de beauté) ?
Merci pour ce reportage et ce partage 😉
Bonjour Florent,
Oui il est difficile d’indiquer un endroit précis qui reflète le plus le Marais Poitevin. Pour moi l’habitant du marais mouillé, c’est évidemment la Venise Verte que je préfère. Cela dit, le marais desséché et le marais maritime ont également leurs charmes. Chaque village dans la Venise Verte a sa part de paysage typique du marais mouillé : Damvix, Maillezais, La Garette, Saint-Hilaire-la-Palud, Saint-Christine, etc… Je ne connais pas par cœur tous ces endroits. Mon terrain de jeu en ce moment se cantonne au triangle La Garette-Coulon-Magné. J’y trouve très largement la part de marais que j’affectionne (végétation omniprésente, faune, canaux larges ou étroits).
En tout cas très bon terrain de jeu, c’est vrai que chaque partie de la Venise Verte à son petit coin de charme. Après chacun apprécie à sa valeur le milieu environnemental dans lequel il se situe…
Bonjour,
c’est très bien de mettre en lumière des lieux qu’on a à portée de main. A raz de l’eau, et doucement, c’est un tout autre éclairage qui permet de visiter chez soi. Quel luxe d’avoir un jardin de 70 km de long dans lequel l’entretien est assuré par tous les voisins.
Pour des novices, la descente en canoë ou en kayak est praticable à partir de St Maixent, soit en ville, soit à partir de la base de Tempête. Compter un avancement d’1km/h en moyenne. Ouvrons grand les mirettes, ça vaut la peine!
Francis; sur les berges depuis(à peine) 25 ans.
Encore merci Francis pour les conseils précieux concernant ce parcours sur la Sèvre Niortaise !