L’espèce de peuplier la plus représentée dans le Marais Poitevin est le Peuplier blanc du Poitou. Un peuplier arrive rapidement à maturité à partir de 20 à 25 ans, il peut atteindre dès lors une taille de 35 à 40 m de hauteur. Au delà de cet âge, le tronc a tendance à se creuser ce qui fragilise l’arbre et pénalise la qualité du bois pour son exploitation industrielle. Les plus vieux peupliers blancs peuvent atteindre une espérance de vie de 300 ans.
C’est à partir du 19ème siècle, avec le développement de l’activité industrielle du bois dans le Marais Poitevin, que l’on a commencé à planter des peupliers dans la zone inondable du marais mouillé non exploitable pour l’agriculture. Aujourd’hui, le peuplier est un arbre que l’on retrouve fréquemment dans le Marais Poitevin et fait partie intégrante du paysage de la Venise Verte tout comme le frêne têtard.
Un arbre à multiples vocations
- Intérêt économique : Depuis son arrivée au 19ème siècle, le peuplier blanc a permis l’éclosion d’une filière économique du bois dans le Marais Poitevin. Le bois de peuplier est clair, léger et fibreux. C’est un bois facile à travailler. Sa croissance rapide permet de fournir régulièrement de la matière première à l’industrie de transformation du bois. Dans le Marais Poitevin, le bois de peuplier est principalement utilisé pour la fabrication de cagette (pour les fruits et légumes, huîtres), boîtes (pour le fromage), allumettes, pâte à papier et panneaux en contreplaqués. De la peupleraie (terrain dédié à la plantation de peuplier) jusqu’à sa transformation finale en usine, la filière du peuplier fait intervenir de nombreux acteurs.
- Un abri pour la faune locale : La hauteur de ces arbres est un lieu de nidification de choix pour les grands échassiers et d’autres oiseaux présents ou de passage dans le Marais Poitevin (hérons, corbeaux, cigognes…)
- Sa contribution au paysage du Marais Poitevin : Le peuplier fait partie intégrante du paysage typique du Marais Poitevin. On le retrouve fréquemment disposé le long des parcelles (dites plantations de pourtour) et doublant bien souvent les alignements de frênes têtards. Conformément aux usages locaux, les peupliers doivent respecter un recul de 3 à 5 mètres par rapport aux frênes têtard et à la berge.
Un géant au pied fragile
Le peuplier a l’inconvénient d’avoir des racines étendues en surface mais non ancrées en profondeur dans le sol. Compte tenu de la grandeur de l’arbre, le peuplier est très sensible au vent et la moindre tempête a vite fait de coucher de nombreux peupliers au sol.
L’exemple le plus marquant reste la tempête de 1999 où des milliers de peupliers sont tombés, marquant une cassure du paysage dans de nombreux endroits du Marais Poitevin.
L’avenir du peuplier dans le Marais Poitevin
Le peuplier était traditionnellement planté en pourtour de parcelle dans la partie du marais mouillé. Mais au cours des années 1980, l’abandon de l’élevage associé à une demande croissante de l’industrie du bois a poussé les propriétaires à planter des peupliers sur la totalité de leur parcelle de terrain (dite en plein).
Depuis la parution du décret du 9 mai 2003 (article L341-1 du code de l’environnement), l’État a élargi le site classé du Marais Poitevin à un ensemble de 18 553 hectares répartis sur 24 communes du Marais Poitevin:
- 11 communes en Deux-Sèvres : Amuré, Arçais, Coulon, Frontenay-Rohan-Rohan, Magné, Bessines, Niort, Sansais, Saint-Georges-de-Rex, Saint-Hilaire-la-Palud, Le Vanneau-Irleau
- 11 communes en Vendée : Fontaines, Doix, Saint-Pierre-le-Vieux, Maillezais, Maillé, Saint-Sigismond, Le Mazeau, Damvix, Liez, Bouillé-Courdault, Benet
- 2 communes en Charente-Maritime : Taugon et La Ronde.
Sur l’ensemble de ces communes, les éléments caractéristiques du paysage du marais mouillé doivent être conservés. Les plantations de pourtour de peupliers le long des fossés doublant ou non les alignements de frênes têtards sont donc possibles mais pas les plantations sur l’ensemble d’une parcelle. Cette mesure annonce la fin progressive des peupleraies dans le Marais Poitevin. Des autorisations exceptionnelles peuvent cependant être accordées par l’État.
Depuis plusieurs années, afin d’assurer une ressource en bois de peuplier et préserver le paysage maraîchin, le Syndicat des propriétaires fonciers du Marais Poitevin met en œuvre les aides du Conseil Régional pour la plantation de peuplier en pourtour de parcelles. Cette action est animée par le Parc Interrégional du Marais Poitevin (lien web). Le Conseil Régional du Poitou-Charentes y participe par ses conseils techniques.
Reconversion de peupleraies en prairies… par Mairie_de_Niort
A la demande des VERTS en 1988 par arrêté Préfectoral un lâché de CASTORS a eu lieu dans la Vallée de la Dourbie en Aveyron. Je vous confirme les dégâts aux plantations de peupliers. Plus aucune nouvelle plantation en effet le Castor est friand de JEUNES PEUPLIERS. Autrement dit ces animaux sont obligés de vivre dans leurs trous effectués dans les BERGES le jour et le soir venu ils en sortent pour venir se nourrir sur principalement du peuplier. LE RAGONDIN EST CLASSÉ NUISIBLE POUR LES TROUS QU’ILS FONT DANS LES BERGES TOUT COMME LE CASTOR QUI LUI EST PROTÉGÉ
Comment font les Entreprises de Travaux Forestiers pour planter et entretenir les peupleraies (broyage de végétation concurrente) situées au milieu des cours d’eau ? Existe t-il des ponts supportant le passage d’engins tels que tracteur, pelle ?
Par où passent les débardeurs lors d’une coupe rase pour sortir le bois ?
Merci
Bonjour,
En accord avec les propriétaires privés du marais mouillé (Venise Verte), les industriels du bois plantent les peupliers sur les parcelles du marais qu’elles soient isolées (pas d’accès direct) ou non. Certains terrains sont accessibles via des ponts suffisamment solides pour permettre le passage d’engins de coupe et d’entretiens. Cependant, la majorité des parcelles ne sont accessibles que par l’eau. C’est alors une barge à moteur qui prend le relais pour acheminer le matériel, les machines et le personnel sur la peupleraie concernée. Les troncs sont débités sur place puis jetés à l’eau (oui oui ça flotte). Assemblés les uns aux autres par des chaînes métalliques, cette suite de troncs de peupliers forment ce qu’on appelle un “train de bois” qui sera poussé (ou tracté) sur l’eau jusqu’à un terrain permettant d’extraire facilement de l’eau le bois à l’aide d’une grue. Le village de La Garette dans les Deux-Sèvres permet d’observer tout ce processus. Son ancienne scierie, située au bord de l’eau, est reconvertie en site de récupération des troncs de peuplier et leur stockage (voir la photo présente plus haut sur cet article). Les peupliers sont ensuite récupérés par camion pour être acheminés vers les usines de transformation.